Contexte

Vous êtes au sud des États-Unis, en Lousiane. Loin, loin, profondément au cœur de ses forêts denses, dans les bayous, entre les anciennes plantations de canne à sucre, vous trouverez le village pieux et rustique de Bayou Rosae, un endroit simple et convivial, proche de son Dieu et de ses racines. À des lieues des métropoles et des grattes-ciel, ces gens simples vivent avec le côté utile de la technologie, laissant le reste aux grandes villes. Ils possèdent leur communauté, leur école, leur église, leur culture, leurs champs, leur économie et leur justice.

Mais au-delà des anciennes maisons en pierre des champs, à pas plus de deux ou trois pas au nord, enfoncés dans les bois, se dressent les grilles de fer noir de l'indomptable Mackaelah. Il est le plus ancien et le plus magnifique des manoirs du conté. Il est superbe, d'une beauté terrible...

Ses murs ont toujours émis cet étrange son, cet étrange grincement. Ils ont toujours eu cette couleur délavée, bleutée et écœurante. Le papier peint n'aime pas toujours rester en place, idem pour la moquette. Peu importe combien de masques on appose sur son visage, le domaine est et reste imbibé de sang. Cette odeur âpre emplit les âmes, et non les poumons, et vous ne vous en rendrez compte qu'une fois sur place. C'est sa volonté qui tienne, pas la vôtre. Elle est maintenant, réduite à néant. C'est à cet instant que vous réalisez que vous êtes maudits...

Pourquoi? Comment? Vraiment, rares sont les personnes qui ont osé poser des questions. On vous racontera peut-être une de ces légendes clichées. On vous dira que l'homme qui a construit l'endroit a tué sa famille dans le grand salon, ou qu'on a bâti les murs sur un cimetière amérindien. On vous dira peut-être aussi que ce sont les anciens esclaves noirs qui ont maudits l'endroit. La Louisiane n'était-elle pas un des états les plus en faveur de l'esclavage?

Mais quels sont les vrais mystères de Mackaelah?

On vous expliquera aussi que cette demeure n'appartient pas aux êtres faits de chair et de sang. Elle est maintenant la maison d'une autre personne, un autre type de créature, une autre énergie... qui n'est en fait rien humaine. Oh, ne cherchez pas. Vous ne la verrez pas. Vous ne la sentirez pas non plus. Elle n'a ni forme, ni goût, ni odeur. Elle est juste omniprésente et surtout, omnipotente. Sa logique n'est régie par aucune loi, aucune physique, aucun espace et aucun temps. Elle est, c'est tout. Vivante ou pas, nous n'en savons rien. Elle est le bois, le métal, le ciment. Elle est les murs, la moquette, les décorations. Elle est la terre meuble sous la pelouse, l'air ambiant... Partout et nulle part en même temps. Elle nous entend, elle nous voit. Elle comprend toutes les langues, tous les gestes et toutes les pensées...

Tous les gens qui ont osé passer les grilles par curiosité, volontaires ou pas, ne sont plus jamais revenus du bon côté. C'est pour ça que les villageois de Bayou Rosae ont surnommé l'endroit le « Domaine du Diable ».

Pourtant, il est habité, le manoir. Mais par quel maléfice? Qui sont ces gens mystérieux? C'est une tierce énigme. Les habitants de Mackaelah sont aussi irréels que ses murs. Il vous semblera qu'ils y sont depuis des siècles, qu'ils ne vieillissent pas. Fantômes? Esprits? Démons? Sorciers?

Peut-être que cet étrange bohémien, le majordome, pourra répondre à vos questions?

Aujourd'hui, vous êtes chez vous. Demain, vous serez peut-être à Bayou Rosae, attirés comme une abeille par le miel, la tentation. Si, par contre, le destin vous a choisis, vous serez alors incapables de quitter cet endroit...

Ensorcelé est le domaine, maudits sont ses murs. L'esprit du Mal s'y est installé, gravant sur ses fondations des pentacles et des sigils païens, témoignant d'un art plus ancien que le monde... les anciennes magies occultes. L'énergie qui encercle la propriété est primordiale, chaotique et indomptable. Elle ne connaît ni le bien, ni le mal, seulement sa propre volonté. Comme un enfant, la grande maison aime jouer. Comme un enfant, son innocence est cruelle et sans pitié...

Damnés, Tributs, Villageois, qui que vous soyez, l'esprit aura toujours un pouvoir sur vous. C'est la même chose pour ces hommes, ces étrangers, débarqués en ville pour étudier le mal. Leur fascination les perdra-t-ils? Et que faire des hommes de Dieu, ceux qui devraient nous protéger? Réussiront-ils?

Reste à savoir qui détient vraiment le pouvoir... Est-ce les hommes, les esprits... ou bien toutes ces poupées d'ancienne porcelaine? Elles sont partout... n'avez-vous pas remarqué? Ne les laissez pas vous rendre fou...

Sinon qui sait, ce sont peut-être elles qui vous dévoreront...